Faudra bien que
--> j'me jette à l'eau.
Plusieurs fois, j'ai écrit. Pour raconter la fin d'année 2008, le début de l'année 2009, la neige, mes empreintes, ma langue tirée pour attraper des flocons. Plusieurs fois j'ai écrit, j'avais même le eee-pc de mon amoureux, j'avais enregistré des .txt et tout.
A chaque fois, j'ai effacé, parce que ce n'était jamais assez.
Mercredi, le dernier jour de 2008, ma mère a décidé de rentrer chez elle. Elle en avait marre de pas savoir parler, de pas savoir écrire, de pas être indépendante, marre de suivre la rééducation. Elle a demandé à mon père de la ramener dans son appartement, à Paris. Elle n'a voulu ni courses, ni rien.
Depuis, on ne vit qu'à moitié.
Elle a l'air pas trop mal, mais, elle est seule et "loin". Avec plus ou moins toutes ses facultés. Incapable de se faire comprendre d'inconnus qui ne sauraient pas ce qu'elle a eu.
Alors mercredi, quand j'ai eu mon père, sa voix tremblante au téléphone, son "mais tu t'inquiète pas, je vais bien, et jm'assurerais que maman aille bien", quand j'me suis résignée à le laisser seul au nouvel an, quand j'ai senti la fatigue qui lui pesait sur les épaules, j'étais en colère. Une colère froide, tellement froide qu'elle bouillait en moi. D'y penser, mon ventre se noue et mes yeux brillent.
J'ai pas pleurer, je l'ai pas dit à mon homme. J'ai rien dit. On est parti dans l'Yonne, comme prévu.
Etre 10 dans l'appartement, c'était rigolo. Par contre, être 5 dans une voiture, sans se connaître, sans que la conversation soit engagée, pendant 1h20, c'était un peu la merde. Et ma voiture, c'est un frigo.
Arrivés dans l'Yonne, courses (d'alcool surtout), l'ambiance se réchauffe, et ça commence à aller. Premiers verres pour moi, bierres et autres, je bois un peu n'importe quoi. Je suis gaie, on prépare le dîner, on discute, on joue à la console, les autres filles aussi, commencent à être joyeuses.
Vers 22h, je prie pour que 2008 soit loin derrière nous. Il reste 2h d'année pourrie, et je bois, l'alcool me rend joyeuse, j'oublie que j'ai mal. De temps en temps, j'me blottie contre le torse de mon homme, ou sur son épaule. Quand je lui demande un bisou, il cède, et ça me rassure. Ca me chauffe le ventre, putain, il faut que 2009 soit mieux.
J'me rappelle ne pas avoir vu les minutes défiler, j'me rappelle qu'à chaque pensée triste, j'ai bu. J'suis pas grosse buveuse ou quoi, j'estime que ce serait pas la solution, même si le temps d'une soirée, c'est bon. J'me rappelle qu'à un moment, il était 23h50 et qu'on a mis la télé, pour pas "rater" le décompte. On riait tous à ce moment là, l'ambiance était sympa, on disait plein de conneries, on avait chanté en "na na na", Jonathan est définitivement le meilleur du pire, j'avais pris des photos, y'avait le gateau d'anniversaire pour mon homme et Natacha, on avait le ventre plein de foie gras.
10,9,8,7,6,5,4,3,2,1... J'l'ai embrassé pour changer d'année en douceur. J'l'ai embrassé pour pas pleurer. J'l'ai embrassé, comme si à minuit, tout allait s'arranger, on était en 2008, on est en 2009, tout va mieux. Tout va bien.
J'me croyais pas, alors j'ai bu encore un peu.
Mario smash bross, c'est chaud quand tu vois pas bien les touches de la manette et les personnages à l'écran. Mais c'était super sympa, j'ai même compris des règles, au bout d'un moment.
Mon homme était fatigué, et je suis pas très sûre de pourquoi je l'ai rejoins si vite. J'étais bien avec les autres, mais s'il s'éloignait de moi, il aurait fallu d'autres verres pour ne pas me laisser submergée. Et j'avais envie de garder l'alcool gai, pas d'avoir mal au crâne le lendemain. Alors, je l'ai rejoins vite. J'sais plus à quel moment je lui ai dit "ma mère est rentrée chez elle, maintenant, il peut tout lui arriver, on sera même pas au courant.". C'est sorti d'un coup. Pas les larmes, pas la douleur. J'ai senti comme un poignard qui s'enfoncait, dilué dans l'alcool, rien n'est grave.
Plus tard dans la matinée, on était bien en 2009. J'ai pas vu de grand changement, on a regardé Madagascar, 10 grands gamins devant une télé, un bol de céréales dans les mains. L'air plus ou moins dans le vague.
On est rentré tranquillement sur Stains, puis sur Vigneux. J'crois pas que j'sois descendue de mon brouillard jusque là. J'ai dit plein de conneries, rigolé. J'ai été moi même et une autre à la fois. Il semble que ça ne se soit pas trop vu.
Les dernières minutes de 2008 et les premières de 2009 n'ont pas été si mal, je crois.
Ecrit par Kyrah, le Lundi 12 Janvier 2009, 23:46 dans la rubrique "vide".